Deux nouveaux rapports sur le design des politiques publiques

Posted on 7 mai 2013 par Stéphane Vincent

A quelques semaines d’intervalles, deux rapports sont sortis, tous deux destinés à promouvoir le design comme un moyen de re-booster le secteur public.

Le premier s’appelle « Re-starting Britain 2« , et fait suite à un premier rapport qui pointait le potentiel de l’éducation au design en faveur du développement économique britannique. Ce rapport est à l’initiative de la commission design de Policy Connect, think-tank cherchant à influer les décisions des parlementaires britanniques.

Le second, intitulé « Design for Public Good » est le fruit du programme Sharing Experience Europe (SEE) co-financé par l’Union européenne et co-rédigé par le Design Council, Design Wales (GB), le Danish Design Center (DK) et Aalto University (FI).

Un rapport comme « Re-starting Britain » était-il bien nécessaire dans le pays du design, qui a vu naître des projets pionniers dans le secteur public -Demos, Participle, Think Public et d’autres ? Lors d’une rencontre à Berlin en avril dernier, la coordinatrice du rapport Jocelyn Bailey répondait par l’affirmative en nous donnant quelques explications : d’un côté, la plupart des élus ignorent totalement le statut enviable occupé par le design britannique dans le monde. Et côté designers, Jocelyn évoque une certaine naïveté du secteur, mal préparé à dialoguer avec les décideurs publics.

C’est pourquoi le rapport fait une série de recommandations dans lesquelles le gouvernement est invité à montrer l’exemple et à se doter en capacités en design, et préconise une série d’actions de la part du secteur du design. Mais il constitue aussi un bon argumentaire qui passe en revue tous les apports du design pour renouveler le secteur public, en les illustrant de nombreux exemples nationaux et internationaux -avec une mention spéciale 27e Région- et une proposition intéressante de typologie des fonctions design dans les administrations.

blog_deuxrapports

C’est également le cas de « Design for Public Good », dont les recommandations sont assez proches du premier, et qui fournira un grand nombre d’exemples et de cas à tous ceux qui s’intéressent au design des politiques publiques. On y trouve également un chapitre consacré à la question de l’évaluation de l’impact du design dans les administrations.

Un regret peut-être : les auteurs en appellent systématiquement à un effort accru de l’Etat et des institutions. C’est bien normal. Mais en Grande-Bretagne au moins, le design des politiques publiques possède une histoire, brêve mais bien réelle. Depuis quelques temps, l’observation montre qu’au moment même où l’engouement pour ces formes de design semble se confirmer, le marché se rétracte et beaucoup jettent l’éponge : l’agence Think Public à Londres, le programme Helsinki Design Lab en Finlande, le think tank TACSI en Australie… Quel bilan en tirer ? les modèles économiques sont-ils les bons ? Une pratique réellement qualitative du design est-elle compatible avec les règles des marchés publics d’aujourd’hui ? On aurait aimé trouvé dans ces rapports des diagnostics et des recommandations un peu plus poussées. Mais leur sortie constitue un signal positif, et c’est sans doute l’essentiel.