Le design des politiques publiques

Concevoir collectivement,
repartir du terrain, itérer

Les grandes écoles forment les futurs élus et agents publics à de nombreuses compétences, de la connaissance des institutions à la comptabilité publique, de la gestion de projet aux enjeux du numérique. Mais on ne leur apprend pas à mettre en doute ces enseignements théoriques et instruments pratiques, ni à les faire évoluer au regard des pratiques réelles. Faute de capacité critique sincère, l’administration risque à la fois l’obsolescence programmée et les dérives du solutionnisme : des techniques de gestion pensées il y a un demi-siècle constituent encore la boîte à outils des décideurs d’aujourd’hui, tandis que des technologies nouvelles – Internet en tête – sont vues comme les solutions à tous nos problèmes de demain.

Comment recréer du sens ? Comment outiller les décideurs publics pour qu’ils soient en mesure de (re)concevoir des politiques publiques plus désirables ?

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Ce que nous nommons « design des politiques publiques », c’est l’application des principes du design – ou de la « conception orientée utilisateur » – à la fabrique des politiques publiques. C’est à la fois un état d’esprit et un ensemble de méthodes qui permettent de réinterroger des problèmes de société, de mieux comprendre les situations du point de vue des bénéficiaires visés, d’associer ces derniers à des tests et des simulations, de réaliser des prototypes de solutions pouvant ultérieurement être déployées avec de meilleures chances de succès.

Le design des politiques publiques est une pratique pluridisciplinaire et collective. Les designers agissent comme l’un des rouages d’un ensemble plus large de professionnels rompus à la question des usages : des sociologues de terrain, des architectes et urbanistes participatifs, des professionnels des réseaux sociaux, des vidéastes-ethnologues, des journalistes participatifs, des philosophes et toute une série de militants qui inventent leurs pratiques professionnelles au fil du chemin, en y mélangeant des enseignements venus des sciences politiques, de l’éducation populaire, de l’action collective etc.

En repartant des pratiques du terrain, en imaginant de nouveaux possibles issus du dialogue créatif avec les usagers, en les partageant les points de vues grâce aux techniques de représentation et de matérialisation, en les mettant rapidement à l’épreuve de la réalité au travers de tests, l’ambition consiste à organiser différemment l’exercice politique et ainsi redonner du sens à l’action publique.