Premier conseil d’orientation : éloge de la méthode

Posted on 20 mai 2008 par Stéphane Vincent

Plus que tout autre sujet, c’est de la « méthode » 27e Région dont il a été question, durant cette premier réunion du conseil d’orientation de la 27e Région le 14 mai dernier à l’ARF. Le débat portait en particulier sur le statut des expérimentations qu’il est prévu de conduire : Faut-il en mener, comment et pour quoi faire ? Voici le résumé de la réunion, en bref.

Qui participait ?

Par ordre du tour de table : Marjorie Jouen (Notre Europe), Philippe Aigrain (Sopinspace), Gilles Berhault (Acidd-Tic 21), Laroussi Oueslati, Marie Baduel (Région Paca), Jean-Charles Eleb (Campana Eleb Conseil), Guy Jarnac (Région Réunion), Philippe Doux (Région Pays de la Loire), Alain d’Iribarne (Fondation MSH), Véronique Kleck (ARF), Bernard Stiegler (IRI / Ars Industrialis), Sophie Pène (Université Paris Descartes), Sophie Bernay (Caisse des Dépôts), Jean-Pierre Quignaux (Conseil général des Côtes d’Armor), Gino Bontempelli (Région Paca), Claudy Lebtreton (Association des Départements de France), Christian Paul (ARF), Henri Verdier (Lagardère Active), Daniel Kaplan (Fing), Alain Mergier (Institut Wei), Cyril Olivier (Région Basse Normandie), Pierre Musso (Télécom Paris Tech), Jean Viard (CNRS), Anne-Marie Boutin (APCI), Jacques-François Marchandise (FING), Jean-Baptiste Roger (Région Ile-de-France), Thomas Renaud (Région Bretagne), Paul Chavand (Région Bourgogne), Isabelle Verzier (Région Rhône Alpes), Cédric Le Déaut (Région Rhône Alpes)

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Le positionnement de la 27e Région, et l’esprit de la méthode sont plutôt appréciés.

Voici ce qu’ils en disent :

  • Le principe consistant à partir sur de vrais objets politiques pour « innover à l’intérieur » est bon : penser le lycée de demain, aménager autrement (Pierre Musso)
  • Le double axe « impact des technologies » et « innovation sociale » est également essentiel (Pierre Musso, Bernard Stiegler, Anne-Marie Boutin, etc)
  • L’enjeu principal reviendra à « réussir l’agencement entre l’innovation ascendante et les politiques publiques » (Bernard Stiegler)
  • Les autres bons points : mettre les technologies au cœur de débat public et donner du sens aux bouleversements en cours, s’intéresser aux dimensions internationales et européennes, travailleur sur le territoire augmenté (Pierre Musso)
  • Pour la première fois, il nous est donné l’opportunité de dépasser l’échange interégional et de produire ensemble, sur des calendriers identiques, des objets communs, et de changer ensemble de façon itérative, de construire de vrais réseaux d’acteurs interégionaux, dépassant l’échange de pratiques (Marie baduel)
  • Le projet doit permettre de « fabriquer des acteurs » : les sécuriser, les valoriser, car l’innovation fait peur (Jean-Pierre Quignaux)
  • La transdisciplinarité prônée par le projet est essentielle (Marie Baduel)

Pour autant, des améliorations sont attendues :

  • Eviter le débat d’experts, le risque de créer un sénacle (Claudy Lebreton, Jean Viard)
  • Mieux prendre en compte les questions d’immersion, de mondes virtuelles et persistants, de 3D dans les défis (notamment le lycée et l’université), pour Pierre Musso
  • Rendre plus lisible le Défi « Haute qualité informationnelle » (Pierre Musso)
  • Veiller à bien garder une approche globale et collective des 6 étapes de la méthode (un processus globale), veiller à une capitalisation régionale,
  • Veiller à mettre en dialogue les 6 défis entre eux (« Nos problèmes traversent tous les Défis », Marie Baduel)
  • Bien lier les modules entre eux, notamment les étapes 5 et 6 (Sophie Bernay)

L’idée d’expérimentation fait l’objet de nombreux commentaires :

  • Des expérimentations, on n’en manque pas et il conviendrait déjà de les analyser. Mais surtout, comment intégrer une possible généralisation de l’expérimentation ? (Alain d’iribarne)
  • Les expérimentations fonctionnent toujours, ou presque, elles créent toujours une plus value ; L’idée de standardisation n’existe pas, dès lors que toute offre doit s’adapter et que la personnalisation est maximum
  • Il faut inventer de nouvelles modalités d’évaluation (Laroussi Oueslati)
  • Tout doit être expérimentation, elle doit être partout, à tout moment du processus (Anne-Marie Boutin)
  • Ce programme nous impose de changer notre façon d’envisager l’innovation ; Un des enjeux majeurs va consister à savoir reconnaître et détecter l’innovation là où elle existe déjà, de partir d’innovations existantes plutôt que de chercher à réinventer ; des méthodes précises doivent être proposées dans ce sens, notamment au niveau des modules 3, 4 et 5 (Daniel Kaplan)
  • Comment traduire l’expérimentation par une volonté politique ? (Bernard Stiegler)

Plusieurs remarques sur les Défis 1 et 6

Défi 1 :

  • Si on obtient pas qu’un lycée test joue réellement le rôle de zone franche à l’occasion du projet, ça ne marchera pas (Henri Verdier) ; le lycée français s’inscrit dans une tradition tayloriste dont il paraît impossible de sortir, contrairement aux systèmes éducatives innovants adoptés par les pays émergents (Inde, etc) ;

Défi 6 :

  • Pierre Musso suggère que le Défi 6 s’intéresse tout spécialement aux technologies
  • Philippe Aigrain suggère e ne pas le centrer sur le local, dans l’intitulé (+il manque le mot espace public)
  • Il faut produire une éducation populaire sur l’histoire des technologies (Jean-Pierre Quignaux)

Il faut doter la 27e Région de principes d’actions

Plusieurs membres militent pour doter la 27e Région d’un texte fondateur, qui régisse son action, les projets qu’elle soutien, sa méthode, etc.
En guise de préambule à ce texte, pour Jacques-François Marchandise, l’initiative de la 27e Région trouve sa légitimité dans le contexte d’un monde changeant :

  • Un monde devenu instable (« comment faire du long terme en milieu instable », Bernard Stiegler)
  • Un monde ou l’innovation est davantage distribuée, et ne vient plus d’abord et seulement du « haut » (« comment produire une réticularité suffisante entre le niveau local, régional, national, européen », Bernard Stiegler ; « les participants doivent accepter d’avoir à changer de rôle », Anne-Marie Boutin)
  • Un monde où il faut associer les citoyens davantage et de l’amont à l’aval (« Comment donner un rôle à la société civile dans ce programme ? », Bernard Stiegler)
  • Un monde dans la connaissance et l’information sont devenues centrales, dans tous les domaines
  • Un monde qui fonctionne en réseaux, qu’ils soient humains et relationnels, infrastructurelles, numériques, etc.

Principales décisions

  • Programmer 3 défis : 1 avant l’été, 1 à l’automne et un troisième en fin d’année
  • Se doter d’un groupe de travail permanent sur la méthodologie 27e Région (suggestion de Bernard Stiegler)
  • Proposer aux membres du CO une liste de principes, de règles, une « constitution » de la 27e Région (« Quand c’est dur d’innover, on peut essayer d’innover sur les règles », Philippe Aigrain)
  • un courrier sera adressé aux 26 régions pour informer des suites